Enfermement #2
video
3,33 min.
2012
Dans un plan en plongée, une séquence ralentie présente une pièce truffée d’objets hétéroclites. J’entre physiquement en scène, puis m’affaisse. Autour de moi, le sol se lève, alors que les objets jonchant le plancher glissent jusqu’à m’engloutir complètement. Dans ce mouvement, le décor s’autodétruit ; mon corps disparaît sous lui. La vidéo se termine.
Dans la séquence, contrairement à un enterrement, c’est le sol qui s’élève pour progressivement enrober le corps. On assiste dès lors à un effet de rabattement de la pièce, alors que l’image ralentie insiste sur le poids physique et symbolique des objets s’empilant sur moi. Au dessus du bordel ambiant, l’œil survol différents éléments émotionnellement chargés, méticuleusement choisis. Un pyjama ; un livre d’Henri Laborit ; la VHS du « Chat dans le sac » ; l’affiche de « Métropolis » ramenée de Pologne par un ami, roulée dans son tube ; un dessin de mon neveu ; un portrait de mon grand-père. Ces objets donnent d’une part accès à mon intimité, mais contribuent tout à la fois à mon engloutissement. En ce sens, leur banalité apparaît grinçante et étouffante. La vidéo devient l’occasion de questionner la lourdeur ; le poids du quotidien sur l’individu. Comment, alternativement, il le forge et l’asphyxie. Elle explore des thèmes se rattachant à la confrontation de l’extériorité et de l’intériorité. Le projet s’enracine dans la réappropriation libre de la théorie de l’inhibition de l’action développé par Henri Laborit, et proposé par Alain Resnais dans le film « Mon oncle d’Amérique ».